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C'est la certitude
du patron d'Artprice.com. Il révèle que 192 professionnels
étrangers cherchent à s'établir en France.
«Paris va redevenir
en 18 mois la première place mondiale de l'art : 192 professionnels
du marché de l'art veulent profiter de la réforme des ventes
publiques enfin passée dans la loi le 10 juillet dernier pour s'installer
en France, y procéder à des enchères et peut-être
même y établir leur siège social.» La prophétie,
pour le moins surprenante dans un secteur que l'on dit tétanisé
par la perspective du changement, provient d'un homme d'affaires de 39
ans aux allures de gourou, Thierry Ehrmann, fondateur et P.-d.g. d'une
galaxie de sociétés qui ont, depuis déjà vingt
ans, Internet comme ressort. La plus connue d'entre elles, Artprice.com,
créée il y a trois ans, a même reçue l'onction
de Bernard Arnault, sous la forme d'une participation de 17 % au
capital. «C'est un garçon extrêmement intelligent»,
concède avec le plus grand sérieux le jeune entrepreneur
à propos de son auguste partenaire... Véritable bible du
«fine art», son site Internet recense (en version papier également)
toutes les cotes de tous les objets d'art, des deux derniers siècles
jusqu'à nos jours. Un travail de titan réalisé grâce
à l'étude et au rachat progressif des plus grands
albums de cotation de l'Histoire. Cette activité ne représente
que la face émergée du Groupe Serveur, 10 % d'un chiffre
d'affaires de 500 millions de francs. Fondé et animé
au quotidien par ce rejeton incontrôlable de la grande bourgeoisie
lyonnaise, le groupe reste à 100 % la propriété
de son fondateur et d'une famille pour le moins élargie : l'anticonformiste,
franc-maçon déclaré, partage ouvertement sa vie avec
deux femmes. Il a financé sa croissance, depuis 1987, uniquement
par des fonds propres et opère depuis un hameau des environs de
Lyon, dans le cadre déroutant d'un relais de poste du XVIe
siècle, truffé autant d'ordinateurs que de pièces
de collection peintures, anciennes et contemporaines, sculptures,
photographies, et meubles haute époque. «Le savoir
est notre matière première, c'est le nerf de l'économie
du XXIe siècle», professe-t-il. L'accessibilité
à la connaissance, représentera, selon lui, en 2005, 50 %
du P.i.b. aux Etats-Unis, 35 % en Europe. Pour ce «start-upper»
avant l'heure, Internet est une culture et non une technique
et le capitalisme culturel a remplacé l'industriel. C'est de ce
poste d'observation privilégié à la connexion
des quelques 3 000 maisons de ventes et professionnels de l'art qui
sont à la fois ses sources d'informations et ses clients à
travers le monde que Thierry Ehrmann a obtenu la certitude, «nucléaire»
selon lui, qu'il livre en exclusivité à Paris-Match : «Non,
la place parisienne n'est pas enterrée pour l'art, Américains,
Anglais, Néerlandais et Allemands (dans l'ordre) sont en train
de passer les 315 études françaises de commissaires-priseurs
au scanner»... Des tours de table se constituent, selon lui, en
vue de nouvelles sociétés de vente, et des préformulaires
d'introduction en Bourse se rédigent, alors que le tout nouveau
«Conseil des ventes volontaires aux enchères publiques»,
nommé le 5 août et chargé de délivrer avant
décembre les agréments aux impétrants, en est encore
à s'occuper de son propre règlement intérieur ! «Ils
vont crouler sous les demandes», prophétise encore le visionnaire
des réseaux, qui tient son chiffre de 192 postulants potentiels
d'une enquête effectuée depuis décembre 2000 auprès
de ses corespondants. «Le nombre des opérateurs va doubler
et le chiffre d'affaires du secteur au moins tripler», assure-t-il,
tout en mettant la dernière main à son «Code des ventes
volontaires et judiciaires», l'outil officiel qui va désormais
réglementer une profession chamboulée.
Sylvie Santini
copyright ©2001 Paris Match
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