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L'industrie du troisième millénaire

  in Patrimoine Magazine - Mars - Avril 2005 - N°4

« Nos conseils pour acheter sans se tromper et à tous les prix... Un dossier réalisé en partenariat avec Artprice, leader mondial de l'information sur l'art. »

  Revue de presse
PRESENTATION
SOCIETES
PARTICIPATIONS
LA BOURSE
REVUE DE PRESSE
 
(Illustration)
Marc Chagall,
Le clown au bouquet de fleur
 
(Illustration)
Marco Del Re,
Femme de Versailles II - Nu au Panthéon
 
(Illustration)
Aki Kuroda,
Flower XIX
 
 

(Illustration)
Robert Combas,
La Bagarre à Zozo
, 1986
En vente chez Christie's le 14 avril 2005
Estimation 20 000 - 25 000 €

 
 
(Illustration)
Johann Wolfgang Baumgartner,
Une décoration rocaille avec un trophée de chasse
En vente chez Christie's le 17 mars 2005
Estimation :
20 000 - 30 000 €
 
(Illustration)
Andy Warhol,
Dollar sign, 1981
 
 
(Illustration)
Gustave Le Gray,
Grande Vague - Sète,
circa 1855
 
(Illustration)
Andreas Gursky,
Paris Montparnasse, 1993
Vendu à New York par Christie's pour 600 000 $ en 2001
 
(Illustration)
Richard Prince,
Untitled (Three Women Looking in the Same Direction), 1980
 

Placement Passion

ŒUVRES D'ART :
FAITES-VOUS PLAISIR !

Nos conseils pour acheter sans se tromper et à tous les prix... Un dossier réalisé en partenariat avec Artprice, leader mondial de l'information sur l'art.

S'offrir une œuvre d'art lorsqu'on ne l'a jamais fait... C'est d'abord balayer quelques préjugés, notamment l'idée que l'art est inaccessible. Il y a bien sûr ces chefs-d'œuvre qui s'envolent à des prix ahurissants : 93 millions de dollars pour le record absolu, le Garçon à la pipe de Picasso vendu l'an dernier par Sotheby's... Des enchères si exceptionnelles font naturellement progresser le niveau des prix : depuis l'éclatement de la bulle spéculative en 1990, ils n'ont jamais été aussi hauts, affichant une progression de 21,1 %1 en 2004 selon l'Artprice Global Index. Mais le marché de l'art offre aussi de très belles opportunités à des niveaux tout à fait abordables. Savez-vous que la moitié des œuvres est adjugée à moins de 1 000 € ? L'art est donc à votre portée.

Alors, comment acheter ?
« Commencez par vous interroger... Que vaut votre plaisir ? Car le premier vrai investissement en achetant une œuvre d'art, c'est l'incroyable bonheur qu'elle procure. Achetez des choses dans vos moyens mais pour votre plaisir », lance Yoyo Maeght* directrice de la galerie Maeght à Paris* et héritière de ces grands marchands d'art qui créèrent la fameuse Fondation éponyme à Saint-Paul de Vence. Leur secret ? Le regard. Marguerite et Aimé Maeght surent en leur temps user de leur œil pour reconnaître et dénicher les talents : Bonnard, Matisse, Braque, Miro, Chagall, Kandinsky, Giacometti, et plus près de nous, Alechinsky, Rebeyrolle, Gasiorowsky, Adami, Tapies ou Chillida... « II faut apprendre à regarder, en permanence. Ne jamais se contenter de la façon dont on doit regarder, mais porter un regard différent sur tout. Admirez le reflet d'un rayon de soleil sur un toit après la pluie et vous ne verrez plus jamais un tableau de la même manière ", confie Madame Maeght.

Existe-t-il des valeurs sûres, garantissant un profit ?
C'est toute la délicate question de l'art envisagé comme un investissement... En France, associer l'art à l'argent semble souvent indécent. De nombreux collectionneurs considèrent pourtant l'œuvre d'art comme une source de profit au-delà du plaisir esthétique. Les prix atteints par certaines enchères laissent rêveur. En 15 ans, l'Hudson River School a progressé de 248 %, l'impressionnisme américain a pris 164 % et la cote de certains artistes contemporains flambe de 300 % en quelques années ! Mais globalement, le marché de l'art est bien moins volatil et les chances de profit restent fragiles. Entre 1997 et 2004, les fluctuations trimestrielles sont en moyenne deux à trois fois moins importantes que celles des principaux indices boursiers. Cette stabilité est d'ailleurs l'un des atouts de ce marché : peu sensible aux crises économiques et aux événements géopolitiques, l'art se fait valeur refuge. Le 11 septembre ne l'a pas affecté ; le prix des œuvres a même progressé de 7 % pendant les six premiers mois de 2003, malgré la guerre en Irak. Mais les grands collectionneurs le savent : inutile de chercher des règles pour investir. « On n'a pas encore trouvé de formule permettant de résumer en une équation la façon d'acheter de la bonne peinture, écrit Maurice Rheims dans Les Collectionneurs. Jusqu'à maintenant, il n'y a guère qu'une seule méthode qui ait porté ses fruits, c 'est celle consistant à aimer la peinture et non le bénéfice matériel que l'on espère en retirer. Ceux qui laissent un grand nom dans la curiosité ne sont pas des spéculateurs mais des amateurs. » Car l'art est avant tout une histoire de goût. « II ne faut pas chercher un style particulier, confirme Yoyo Maeght. Fiez-vous à ce que vous aimez. Chacun a le droit d'aimer ou de détester une œuvre, sans même savoir pourquoi. Achetez celle qui vous fait plaisir ; elle vous apprendra à en apprécier ensuite une autre, d'un niveau supérieur. L'art est toujours instructif. »

Existe-t-il des clés pour reconnaître un grand artiste ?
« Il est en avance sur son époque, même longtemps après, explique Madame Maeght. Miro ou Braque ne sont toujours pas dans l'air du temps car seule unepar- 'e de leur œuvre est devenue connue et icile d'accès. Suivez donc quelques artistes ; plus vous avancerez, mieux vous les comprendrez. Il faut garder une certaine distance avec eux, c 'est très sain : un artiste qui n 'a que 2 ou 3 ans d'avance sur son temps devient vite démodé. » Et à ceux qui prétendent que telle œuvre contemporaine aurait aussi bien pu être exécutée par un enfant, elle rétorque : « Lorsque Prévert écrit un poème, il place des lettres les unes à côté des autres et c'est une œuvre d'art. Ça n 'est ni du René Char ni du Paul Eluard, c 'est du Prévert. Il y met son esprit. Un peintre ne fait pas autre chose. Et avec encore moins de moyens puisqu'il n 'existe que trois couleurs... Même lorsqu'il fait des œuvres très différentes, on reconnaît toujours la marque d'un véritable artiste. »

Est-ce le bon moment pour acheter de l'art ?
Les prix du marché français ont perdu 2 % en 2004. En chiffre d'affaires, Paris se situe loin derrière New York et Londres avec moins de 7 % des parts de marché. Les galeristes déplorent une vraie difficulté à trouver de nouveaux talents ; aucun Français ne figure parmi les jeunes artistes en vogue actuellement. Cette morosité hexagonale, essentiellement née de handicaps fiscaux et structurels, est peut-être l'occasion de réaliser de belles affaires. Le marché français ne demande qu'à être dynamisé et les particuliers ont un vrai rôle à jouer ! Évitez d'attendre que les prix remontent en flèche ! La France possède de magnifiques atouts, tel celui d'être le véritable grenier du monde... Le nombre d'œuvres y est considérable. Des secteurs actuellement en retrait, peu chers et bien fournis, peuvent laisser escompter de futures plus-values (mobilier et peintures XVIII, romantisme, impressionnisme, cubisme...). Pensez à l'archéologie qui offre des pièces souvent émouvantes pour quelques centaines d'euros (voir Patrimoine Magazine n° 3). La gravure présente quant à elle l'avantage d'être peu chère et peu fragile une fois sous verre et encadrée. Adressez-vous à un éditeur sérieux qui n'aura pas tiré 55 exemplaires au lieu des 50 annoncés ou réalisé un encadrement cachant les vraies dimensions de la gravure : elle ne vaudrait alors plus rien ! Notre tour d'horizon vous donnera quelques idées plus précises.

Il y a mille façons d'être collectionneur. Pourquoi ne pas offrir une œuvre en cadeau de mariage ? Un plaisir unique, à partager avec famille et amis. Contemporaine, l'œuvre sera une manière, quelques décennies plus tard, de donner à voir à vos proches le regard que vous portiez sur votre époque... « Pour ne pas faire de scission entre ce que l'on vit et les œuvres dont on s'entoure », achève Yoyo Maeght...

* Galerie Maeght
42, rue du Bac, 75007 Paris

galerie.maeght@maeght.com

1 +10,4 % en euros, compte-tenu des fluctuations du taux de change.

Peinture Contemporaine

ENVOL DE LA FIGURATION LIBRE

Robert Combas est aujourd'hui l'artiste français contemporain le mieux vendu en France. S'il est assez cher, d'autres artistes du mouvement offrent de belles perspectives de progression. De nombreuses œuvres en vente, un peu partout en France.

Le marché de la peinture semble perdre ses repères. Les impressionnistes français, champions incontes-tés depuis de nombreuses années, accusent un certain repli. Les Maîtres Anciens sont victimes de leur rareté. Même les courants du XXe siècle, tels le cubisme ou le surréalisme, subissent la désaffection des collectionneurs. Pourquoi ne pas se tourner vers l'art contemporain ? Si les risques existent, les plus-values peuvent être remarquables. Vous jouirez de surcroît du plaisir de voir vos artistes continuer de produire et de progresser.

Retour en force
Organisée autour de Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas, Hervé et Richard Di Rosa, la Figuration Libre alimente régulièrement le marché de toiles. Près de 150 de leurs peintures sont mises annuellement en ventes publiques. Fruit de la culture des années 1980, ces productions riches en couleurs influencées par le rock, la BD et la télé, les arts d'Afrique et les maîtres du XXe siècle renouent avec le succès. Fragiles, car récentes, leurs cotes s'étaient effondrées avec la crise qui a affecté le marché de l'art au début des années 1990. Mais entre 1996 et 2002, stimulés par les plus jeunes générations de collectionneurs, les prix ont doublé pour recouvrer leur niveau de 1990. À l'époque, La Fiancé de Belmondo, 1984, de Robert Combas avait été adjugée l'équivalent de 68 000 €. Un record pour le groupe. Avec ce regain d'activité, les pièces majeures des années 1980 comme les œuvres « fraîches » se raréfient et un grand nombre de pièces présentées proviennent directement des réserves des galeries qui attendaient des jours meilleurs. Inondé de toiles moins attractives, ce segment est marqué par un taux d'invendus particulièrement élevé (50 % des lots sont ravalés).
En 2004, les prix sur ce segment ont augmenté de 15,9 %, selon artprice.com. Malgré une réévaluation de 60,1 % sur dix ans, la cote de ces artistes reste en moyenne inférieure de 35 % au niveau atteint en 1990, ce qui laisse préfigurer de belles marges de progression.

  2003/2004 1994/2004
Figuration Libre +15,9 % +60,1 %

Robert Combas

+14,2 % +69,0 %
François Boisrond +64,2 % -25,8 %
Hervé Di Rosa +10,0 % +150,8 %
Variation des prix des peintures :
janvier 1994 - décembre 2004

Des Combas à moins de 6 000 €
Robert Combas, le leader du groupe, est aussi l'artiste contemporain le plus vendu en France avec près de 200 lots proposés en ventes publiques. Sa cote a progressé de 14,3 % cette année. Extrêmement productif, Robert Combas est peut-être l'artiste qui dégage le plus de liquidités parmi ceux de sa génération. Mais produire en quantité implique un tri sévère pour maintenir un continuum qualitatif. Ainsi, vous débourserez moins de 6 000 € en moyenne pour une toile (Hare Krishna, Ramala, une technique mixte de 2000 s'est échangée 2 200 € chez Tajan le 30 novembre 2004) ; mais vous pourrez quintupler la mise pour emporter une œuvre majeure.

Prometteurs et accessibles
Les peintures de François Boisrond et d'Hervé Di Rosa ont la cote et sont plus abordables : plus de la moitié sont adjugées en deçà de 1 500 €. Certaines maisons de ventes parisiennes telles Cornette De Saint-Cyr, Perrin-Royère-Lajeunesse, Christie's, Briest ou encore Tajan ont l'habitude de présenter de manière régulière des œuvres de Combas et de provoquer des records. Il est aussi possible de retrouver chaque semaine des toiles de la Figuration Libre un peu partout en province.

Sculpture

LA SCULPTURE ANIMALIÈRE REPREND DU POIL DE LA BÊTE

Très représenté dans les salles de ventes françaises, le thème animalier connaît un léger déclin après un retour en force des années 1980 à 2000. L'occasion de s'offrir un grand nom à prix doux.

C'est Antoine-Louis Barye qui le premier, au XIXe siècle, donne son autonomie à l'animal pour le placer au même rang que la figure humaine. À sa suite émerge une école française de sculpteurs animaliers. Saisissant dans les zoos les animaux sur le vif, ils participent à l'intérêt général pour les études anatomiques et l'histoire naturelle.

Nombreux facteurs de prix
Le bronze est leur matériau de prédilection, presque exclusivement. Ils réalisent d'abord un modèle en plâtre puis en tirent un moule qui permet d'effectuer la fonte en bronze. Fonte à la cire perdue ou fonte au sable, la première offrant une meilleure qualité que la seconde. Ces techniques de sculpture permettent de réaliser plusieurs bronzes pour un même modèle. Jusqu'en 1968, aucune législation ne réglementait la quantité et la numérotation des tirages. Or, la date de fonte (parfois postérieure à la mort de l'artiste), la quantité et le numéro de tirages influent directement sur le prix. Autres facteurs essentiels : la qualité de la fonte, des finitions et de la patine, le cachet du fondeur, la signature et bien sûr la taille de la sculpture. Ces divergences qualitatives expliquent une vaste échelle de prix : de 100 € à plus de 500 000 € ! Rares sont en revanche les modèles en plâtre qui, en tant que pièces uniques appartiennent souvent aux collections des musées.

La qualité pour 2 à 3 000 €
Longtemps laissée de côté, la sculpture animalière est revenue à l'honneur au début des années 1980. Sa cote a constamment progressé à partir du milieu des années 1990 avec une augmentation de plus de 75 % entre 1996 et 2001. Depuis cette date, elle tend pourtant à baisser sensiblement. De nombreuses sculptures de belle qualité sont aujourd'hui disponibles autour de 2 000 à 3 000 €. Dans cette gamme de prix figurent les premiers représentants de l'école animalière française : Pierre-Jules Mené, Alfred Dubucand, Charles Valton ou Christophe Fratin. Pulvérisant les records, le Lion et lionne de Nubie de Rembrandt Bugatti s'est, elle, enlevée à 3 500 000 F (533 572 €) en 2000. La cote de l'artiste a continué de progresser jusqu'en 2002. Depuis, elle est à la baisse (-57,7 % sur deux ans), selon artprice.com.

  2003/2004 1994/2004
Sculpture animalière XIXe -12,2 % +33,7 %

A.L. Barye

-39,1 % -0,5 %
P.J. Mene -7,9 % +17,8 %
Rembrandt Bugatti -2,8 % +276,1 %
Variation des prix des sculptures :
janvier 1994 - décembre 2004

Barye, de 75 € à 283 000 €
Une cote également en baisse de 39 % en 2004 pour Barye, chef de file du mou-vement avec plus de 400 lots dispersés chaque année. L'artiste retrouve donc son niveau de 1994. Son apogée couvre les années 1837 à 1848 et la majorité des œuvres en circulation datent de cette époque. Pour séduire la classe moyenne française, Barye réalisa à la fin des années 1840 de nombreuses reproductions en petits et moyens formats de ses sculptures monumentales. Il faut compter en moyenne 5 500 € environ pour acquérir un bronze de Barye aujourd'hui. Mais ses œuvres n'échappent pas à la particularité des bronzes animaliers : une dispersion des prix très importante, variant de 75 € à 283 000 € environ. Barye n'a plus produit de nouvelles œuvres après 1869 mais ses modèles ont continué à être fondus après sa mort en 1875 par Barbedienne et ce jusqu'au tournant du siècle. Une fonte Barbedienne est gage d'ancienneté et de qualité. La présence du cachet or « FB » explique donc de forts prix, d'autant que les sculptures le possédant sont rares. Les pièces antérieures à 1860 et les fontes XIXe figurent donc parmi les œuvres les plus recherchées de Barye.

Dessin ancien

EMBELLIE SUR L'ECOLE DU NORD

Profitez du Salon du Dessin à Paris pour découvrir ce segment où les grands maîtres côtoient de superbes anonymes et s'envolent souvent à quelques milliers d'euros...

Discipline auxiliaire avant la Renaissance, le dessin servait aux études prélimi-naires pour une peinture, une sculpture ou une architecture. Mais on a vite compris que ces esquisses préalables possédaient des valeurs expressives et financières propres. Pour les amoureux du dessin, Paris se fait chaque année capitale mondiale avec le Salon qui lui est consacré en mars. Cette manifestation entraîne dans son sillage une série de ventes aux enchères et d'événements annexes dans les galeries et musées parisiens. L'occasion de découvrir ce segment ou de débuter une collection. En matière de dessin ancien, la Renaissance italienne crève les plafonds suivie de près par les Écoles du Nord. Les dessins hollandais des XVIe et XVIIe siècles sont les plus prisés, denrées rares qui ne cessent de se valoriser, Rubens et Rembrandt caracolant en tête. Mais les ventes aux enchères fourmillent aussi de dessins anonymes ou de plus petits maîtres, qui laissent libre cours à la découverte et au rêve de plus-value. Plus de 50 % des dessins anciens sont toujours adjugés moins de 1 000 €, précise artprice.com.

Marché récent
Pratiquement atone dans les années 1990, le marché du dessin de l'École du Nord n'éveilla l'attention qu'en 1999. En quelques mois les prix des feuilles hollandaises et flamandes ont bondi de 43 %, entraînant une multitude de records, notamment à Amsterdam. Ainsi, une gouache de Cornelis Troost a été adjugée 310 000 florins (140 672 €), multipliant par six son estimation basse. Début 2000, deux superbes records pour Rembrandt couronnaient le succès des feuilles anciennes : 3 400 000 $ et 2 300 000 $ lors d'une vente à New York. Ce secteur a eu le vent en poupe jusqu'en 2003 (+ 16,7 % de hausse des prix depuis 2000). Mais après ce pic, le mouvement haussier s'est arrêté net et les prix ont chuté de 25 % au cours des douze derniers mois. La plus forte enchère en 2004 pour un dessin de l'École du Nord n'est que de 200 000 € pour Inn on Dyke, une encre de Rembrandt.

  2003/2004 1994/2004
Ecole du Nord XVIIe -25,1 % +23,6 %

Peter Paul Rubens

+1,2 % +29,9 %
Van Goyen -26 % -26,9 %
Variation des prix des dessins :
janvier 1994 - décembre 2004

Attention à l'état de conservation et à la qualité du trait
Les dessins anciens sont rares et les plus belles pièces ne sont plus en circulation mais à l'abri de collections privées ou publiques. Celles des grands maîtres des XVe et XVIe siècles sont rarissimes : seuls deux dessins de Léonard de Vinci ont été adjugés sur 10 ans. La signature ne suffit pourtant pas à expliquer les prix. L'état de conservation de ces œuvres fragiles, la qualité du dessin et l'expressivité du trait sont des facteurs beaucoup plus déterminants.

Des Raphaël à moins de 4 000 €
Ainsi, des feuilles d'artistes secondaires peuvent se vendre plus cher que certains-dessins de maîtres incontestés. Une seule feuille de Raphaël (1483-1520) a dépassé le million d'euros alors qu'en 1998 on pouvait s'enorgueillir d'acheter moins de 4 000 € une étude du même artiste (Brustbild einer Madona, chez Kornfeld). Face à une telle pénurie, on voit de plus en plus fréquemment de superbes feuilles d'artistes de moindre renom, voire des feuilles simplement attribuées, atteindre les sommets. Ainsi, la Figure couronnée de lauriers, attribuée à Lorenzo di Credi s'est arrachée 2 millions d'euros en mars 2001 chez Piasa, à Paris. Signe de l'exigence des acheteurs : le taux d'invendus des feuilles anciennes s'élève à 32 % en 2004. Petites études mal conservées, esquisses préparatoires inachevées, feuilles anodines au prix de réserve trop élevé ont des chances de faire partie des lots ravalés.

Estampe

POP ART : LE VENT EN POUPE

Idéales pour aborder le monde de l'art, ces images imprimées foisonnent sur le marché. Une valeur sûre à moins de 1 000 € ; un excellent placement à partir de 10 000 € !

Tirées d'une gravure sur bois, sur cuivre ou d'un procédé lithographique, les estampes permettaient au XVe siècle de faire circuler des images pieuses ou des modèles d'ornement. Expression d'un art de vivre et d'idées politiques ou sociales aux siècles de Durer ou Watteau, elles devinrent le mode artistique favori des romantiques (Delacroix, Corot...), et des impression-nistes (Manet, Renoir...). À son tour, le Pop Art a diffusé en masse ses images cultes grâce aux procédés sérigraphiques.

Une valeur un peu trop sûre
Chaque année, environ 50 000 estampes inondent les enchères. 72 % d'entre elles partent à moins de 1 000 €, dont plus de 10 000 dans les salles des ventes françaises. Petits prix, diversité d'auteurs, de sujets et d'époques font des estampes le médium idéal pour découvrir le monde de l'art. Cependant, si les multiples sont populaires, ils ne sont malheureusement pas aussi porteurs que des œuvres uniques. Une estampe achetée moins de 1 000 € il y a dix ans n'aura vu sa cote évoluer ni à la hausse, ni à la baisse. Cette faible volatilité des prix intronise les estampes à moins de 1 000 € au rang de valeurs sûres du marché. Au grand dam des spéculateurs !

Chercher la rareté
Les collectionneurs comptant sur l'estampe pour faire évoluer leur patrimoine jetèrent donc leur dévolu sur les pièces importantes. Les estampes acquises plus de 10 000 € ont vu leur prix progresser de 9,5 % en 2004 et même de 24 % en dix ans, annonce artprice.com. Sauf qu'entre 10 000 et 100 000 €, le marché se restreint fortement ! En dix ans, seuls 750 artistes ont vendu une estampe dans cette fourchette de prix, dont Pablo Picasso (1 336 lots), Marc Chagall (653 lots), Henri de Toulouse-Lautrec (573 lots) et Andy Warhol (525 lots).

  2003/2004 1994/2004
Estampes Pop Art -2,7 % +23,4 %

Andy Warhol

+17,5 % +101,2 %
Roy Lichtenstein -10,5 % +56,7 %
Tom Wesselman +43,5 % +22,0 %
Variation des prix des estampes :
janvier 1994 - décembre 2004

Parmi eux, seules les estampes d'Andy Warhol ont été plus rentables que la moyenne du marché (+ 83 % depuis 1997). Même si cette progression reste plus faible que celle observée pour ses pièces uniques, ses peintures ayant quadruplé durant la même période, elle témoigne de la bonne santé des estampes Pop Art. Depuis 1997, la cote de Roy Lichtenstein a progressé de 43 %, celle de Jasper Johns de 41 % et celle Tom Wesselman de 51 %. Preuve de leur succès, plus de 1 000 estampes du Pop Art américain sont mises aux enchères chaque année. Si le Pop Art brouilla la distinction entre œuvre d'art et techniques artistiques à caractère commercial, désormais les prix atteints peuvent décourager un grand nombre d'amateurs : 50 % des lithogra-phies d'Andy Warhol s'arrachent plus de 3 800 $.

Public d'initiés
Même si les estampes sont parfaites pour commencer une collection à moindre frais, ce marché s'adresse plutôt à un public d'initiés. Au-delà de la signature, du sujet, de la surface et de la période de création, de nombreux facteurs propres à l'estampe sont à considérer dans la fixation du prix de l'œuvre : la technique usitée (eaux-fortes et aquatintes, gravures, lithographies), l'état du tirage (épreuves et préalables au tirage définitif sont particulièrement recherchées), l'état de conservation et la qualité du papier, ou encore le nombre de tirages (plus le tirage est restreint, plus les estampes sont rares, donc chères) et le numéro du tirage (au bout d'un certain nombre de tirages, certaines épreuves anciennes perdent considérablement en qualité, devenant fades et ternes). E.N.

Photographie

LE DÉCLIC DE LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE

Très en vogue, la photographie séduit depuis quelques années une clientèle jeune. Après l'engouement pour les anciens, le marché des photos contemporaines explose. Extrêmement spéculatif, il multiplie les records. Ses amours vont et viennent... Une photo de notre temps !

Succès en rafale à New York
II n'y a encore pas si longtemps, dans les années 90, le seul médium capable de remporter des records et d'entraîner des phases spéculatives était la peinture. De nouveaux supports ont vu le jour ces dix dernières années et il semble que ce renouvellement artistique ait séduit le public. Pourtant, la photographie contemporaine pourrait n'en être qu'à ses prémices même si certains résultats se révèlent étourdissants : 650 000 $ en novembre dernier pour un cliché de Richard Prince chez Sotheby's New York ; 420 000 € pour Untitled N° 92, 1981, une œuvre de Cindy Sherman, sous le marteau de Philips à la même époque et dans la même ville. On l'aura compris, le marché de la photographie contemporaine est à New York. D'ailleurs, si la cote des photographes américains a progressé, c'est bien grâce aux vacations new-yorkaises menées d'une main de maître par les grandes maisons de ventes internationales, qui ont su, entre autre, récolter les bénéfices d'un marketing ultra-développé.

Spirale inflationniste
Le marché de la photographie contemporaine est avant tout spéculatif : en 2004 près de 3 000 clichés ont été vendus en France, soit dix fois plus qu'il y a douze ans ! En moyenne, les prix de la photographie ont augmenté de 7,6 % par an entre janvier 1994 et décembre 2004, contre 4,4 % pour la peinture, d'après artprice.com. Cependant, il ne faut pas oublier que le marché de la photographie contemporaine n'aurait jamais pu atteindre ces résultats sans l'explosion du marché de la photographie ancienne. Ce sont les 460 000 £ récoltés par Sotheby's pour la vente de la célèbre Grande vague, Sète, 1855 par Gustave Le Gray en 1999 qui ont fait décoller le marché de la photographie. Ce record a fait prendre conscience au marché de la valeur financière de ce « nouveau » médium.

Clichés allemands
Depuis, l'euphorie s'est emparée du marché entraînant dans une spirale inflationniste la photographie contemporaine. Par ailleurs, à l'inverse des Américains, les photographes allemands sont en perte de vitesse depuis deux ans. Ainsi, la cote du renommé Andréas Gursky s'amenuise depuis 2002 : entre janvier 2003 et janvier 2005, ses prix ont baissé de 21,9 %. D'autres ont perdu plus de 40 %. Une opportunité d'achat ?

Enchères ou galeries ?
Les marchands de photos anciennes s'alignent sur le prix des ventes aux enchères. Les œuvres contemporaines sont en revanche plus chères dans les ventes aux enchères que dans les galeries. Souvent jeunes et très fortunés pour avoir surfé sur la vague de la « net économie », ces acheteurs se déplacent peu. Ils sélectionnent les pièces sur les catalogues de ventes et se retrouvent alors à plusieurs à enchérir sur les même œuvres, ce qui fait considérablement augmenter l'adjudication finale.

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