in La Vie Financière - du 23 au 29 septembre 2005 - N° 3146

PATRIMOINE/ Marché de l'art

VIENNE 1900
Klimt, Schiele, Kokoschka, Moser

Les quatre maîtres de la peinture viennoise s'exposent en octobre au Grand Palais, à Paris. De quoi faire remonter leur cote.

Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka », tel est le titre de la prochaine exposition organisée par le Grand Palais du 5 octobre 2005 au 23 janvier 2006. Autour d'un parcours de cinquante tableaux et de cent œuvres sur papier, le visiteur retrouvera les thèmes de prédilection des maîtres viennois : l'allégorie, le paysage et le portrait. Au centre de la Sécession, versant viennois de l'Art nouveau, Klimt, Schiele et Moser sont tous les trois disparus prématurément en 1918. Le plus jeune, Schiele, n'avait alors que 28 ans. Leur courte carrière ne les a pas empêchés de réaliser une large production, notamment dans le domaine des dessins et des aquarelles.

Des toiles rares dont la cote ne cesse de progresser
Une cinquantaine de dessins et d'aquarelles de Gustav Klimt changent de mains annuellement aux enchères. Le collectionneur doit débourser entre 15 000 et 30 000 dollars pour une belle feuille. Par contre, il ne passe que deux ou trois tableaux par an en ventes publiques. Les plus recherchés sont les paysages. Ces rares toiles, lumineuses et apaisantes, sont les plus cotées. Au cours des dix dernières années, le record pour une œuvre de Gustav Klimt est détenu par Schloss Kammer am Attersee ll (1909), adjugé 13,2 millions de livres le 9 octo-bre 1997 en l'étude Sotheby's, à Londres. Cette adjudication a fait suite à une autre très belle enchère pour une vue de Gustav Klimt : 8,2 millions de livres pour LitzlbergerKelleram Attersee (1915-1916).
Les tableaux d'Egon Schiele sont aussi très présents lors des enchères, avec, par exemple, 11,3 millions de livres en 2003 pour Town and River. En peu de temps, il a créé plus de 3 200 œuvres, la plupart étant des dessins. Près de 20 % sont désormais adjugés à plus de 400 000 dollars, et leur cote progresse : + 65 % entre 1997 et juin 2005. Mais les toiles de Schiele sont bien plus rares. Ainsi, lors des ventes aux enchères, il en est passé moins de cinquante en vingt ans. Comptez de 60 000 à 90 000 euros pour un dessin au crayon et plus de 200 000 pour une aquarelle. Selon Artprice, la cote des œuvres du peintre sur papier a doublé entre 1998 et 2004. Il s'en vend une cinquantaine chaque année en ventes publiques.

Des pièces de taille modeste à des prix abordables
L'œuvre d'Oskar Kokoschka, mort à 94 ans, a traversé le XXe siècle. Après avoir marché sur les pas de Gustav Klimt, il s'est imposé comme l'une des figures majeures de l'expressionnisme. Bien que sa production alimente souvent les catalogues de ventes (près de 200 pièces par an), les œuvres antérieures à 1918 sont plus rares. Il n'en a été proposé que sept l'an dernier. Des pièces de taille modeste du début du siècle restent à des prix abordables. Ainsi, Mädchen am Fenster, une petite tempera de 1906-1908, a trouvé preneur à 700 euros en novembre 2004. Compte tenu de l'importante production de Kokoschka, sa cote n'a progressé que de 15 % depuis 1997.
Koloman Moser, dit Kolo, est moins recherché et son marché, plus restreint. Moins d'une vingtaine d'oeuvres sont proposées chaque année aux enchères. En avril 2005, il fallait compter 800 euros pour Ditha's SCVRZ, une petite feuille de 1912 proposée par le Palais Dorotheum à Vienne, et, lors de l'enchère organisée par la maison de vente madrilène Ansorena, tout juste 1500 euros pour Paisajeune, petite huile sur toile. L'exposition du Grand Palais pourrait bien soutenir la cote de cet artiste, encore dans l'ombre de Klimt et de Schiele.

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