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L'industrie du troisième millénaire

  in Courrier Cadres - 10/23 août 2006

Le groupe Serveur en chiffres

Chiffre d'affaires :
63 millions d'euros
Résultat net :
11,7 millions d'euros Effectif :
180 salariés

 

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Thierry Ehrmann, baroudeur entrepreneur

Milliardaire fou, provocateur ? Le créateur et PDG du groupe Serveur, dont le site Artprice est leader de l'information sur le marché de l'art, est avant tout un visionnaire. Mais cet ex-étudiant en théologie préfère la bagarre au pardon des offenses.

"Les flingues sont déjà sortis." En ce début d'été, Thierry Ehrmann, PDG du groupe Serveur spécialisé dans les banques de données, s'amuse comme un potache qui aurait fait une bonne blague. Ce qui le fait sourire ? Il vient de dégainer un nouveau service de ventes de mobiliers anciens et arts décoratifs sur Internet, destiné à défier le leader des enchères sur le Web, eBay. Quand on sait qu'en matière de business Thierry Ehrmann n'est pas du genre à utiliser des balles à blanc, on imagine que chez eBay, à San Jose en Californie, on ne doit pas rigoler du tout.

Thierry Ehrmann est en effet le capitaine d'un groupe qui compte treize filiales, dont le site Artprice, leader de l'information sur le marché de l'art. L'histoire du challenger français a de quoi faire trembler le champion américain des ventes aux enchères sur Internet. Créée en 1997 de toutes pièces, Artprice est aujourd'hui le leader mondial dans son domaine : 4 millions de résultats d'adjudications détaillées, 21 millions d'indices, 750 000 biographies d'artistes, accessibles en quelques instants Et comme si cela ne suffisait pas à assurer sa notoriété, la société s'est hissée au premier rang des places de marché virtuelles et propose à ses 900 000 abonnes 38 000 oeuvres à acheter en ligne. A 44 ans, Thierry Ehrmann n'en est pas à son premier coup d'éclat. La carrière professionnelle de ce juriste, qui a suivi des études de théologie, ressemble à celle d'un visionnaire. Ce fils d'industriel n'a pas son pareil pour déchiffrer l'avenir et prendre un train d'avance sur la concurrence : en 1981, avec une mise initiale de 5 000 euros (35 000 francs de l'époque), il crée sa premiere entreprise pour commercialiser des banques de données juridiques sur le Minitel Une activité très lucrative, qui génère rapidement des profits. "C'était extrêmement rentable dans la mesure où France Télécom avait déjà développé toute l'infrastructure, il n'y avait plus aucun investissement technologique à faire." En 1985, il réinvestit son trésor de guerre dans la création du groupe Serveur, à partir duquel vont essaimer une dizaine de sociétés spécialisées dans le traitement des données : conventions collectives, informations médicales, matières premières, géopolitique, art, etc. Son credo : "Sortir l'information des cercles d'initiés four la rendre accessible au grand public."

Il puise dans ses fonds. Cette montée en puissance va s'accélérer avec le developpement d'Internet, que l'entrepreneur découvre à la fin des années 80, aux Etats- Unis. C'est un choc : "J'ai décidé de retarder mon suicide de vingt ans !" L'outil est encore balbutiant, mais il pressent son formidable développement "A l'époque, je prévoyais un milliard d'abonnés dans le monde en 2005." Bien vu ! A ses yeux, Internet est beaucoup plus qu'une simple technologie : "C'est une révolution, l'avènement d'une nouvelle culture." Et du Minitel au Web, le pas est vite franchi. Pour asseoir son succès, il n'hésite pas à puiser dans sa fortune personnelle. Entre 1985 et 1997,il investit 27 millions d'euros dans le développement de son groupe. "Certains ont cru que je perdais les pédales." Le prix à payer pour concrétiser ses ambitions en préservant son indépendance. Prêt à tout risquer, Thierry Ehrmann est aussi déterminé à se battre jusqu'au bout pour faire valoir ses intérêts. Une illustration : quand les entreprises auprès desquelles il puise les informations alimentant ses bases de données lui contestent le droit d'en faire usage, le chef d'entreprise monte au créneau. Ne doutant de rien, il engage une action de lobbying auprès de... l'Union européenne pour faire reconnaître les banques de données comme des "oeuvres de l'esprit", bénéficiant à ce titre d'une protection intellectuelle. "Une directive européenne m'a donné gain de cause en 1996." Désormais, le champ est libre pour ce boulimique de travail qui, six jours sur sept, traque les moindres indices, les analyse et les diffuse.

Sous l'oeil des caméras. Avec une fortune p r o f e s s i o n n e l l e estimée a 125 millions d'euros, il est classé 237ème (en hausse de plus de cent places) au hit-parade des 500 plus grosses fortunes de France du magazine Challenges. Et pourtant l'homme n'a pas grand-chose a voir avec l'establishement Au contraire ' Trônant derrière une vaste table de travail circulaire, il suit les cours de Bourse sous l'effigie d'une tête de mort et visionne les faits et gestes de ses collaborateurs grâce aux yeux indiscrets d'une trentaine de cameras, "pour leur apprendre à maîtriser leur image dans un univers ou tout le monde est un paparazzi en puissance" Le siège social du groupe, un lieu unique en son genre, se veut le reflet des désordres de la planète "Je suis passionne par le monde qui passe", explique ce papivore. Tous les matins, selon un rituel bien établi, il dévore la presse à la recherche d'informations stimulant la créativité de ses troupes On a d'ailleurs du mal à imaginer que derrière cet homme tout de noir vêtu avec une petite natte surgissant au centre de sa nuque rasée se cache un entrepreneur des plus en vue introduit en Bourse en 2000, Artprice, qui ne représente aujourd'hui que 10 % du chiffre d'affaires du groupe mais absorbe 70 % du temps de son fondateur, est devenu la coqueluche des marchés financiers.

Musée à la gloire de l'artiste. Il a signé la meilleure performance de la Bourse de Paris en 2005 avec un cours en augmentation de 800 %, selon le classement d'Euronext Cette bonne nouvelle avait ete précédée en octobre dernier par l'annonce du premier résultat bénéficiaire. Bernard Arnault, PDG de LVMH et "Mozart de la finance" comme se plaît a le décrire Thierry Ehrmann, ne s'y était pas trompé à la creation de la societé, il avait accepté de participer au tour de table en prenant 17 % du capital, des parts aujourd'hui revendues "Il a fait une bonne affaire Mais j'ai aussi appris à son contact pour exister aujourd'hui, il faut raisonner de manière globale " Le PDG du groupe Serveur a retenu la leçon ses filiales sont implantées aux Etats-Unis, dans plusieurs pays d'Europe et bientôt à Shanghai tandis qu'ici ses équipes font les trois huit pour être toujours en relation avec les clients éparpillés sur les cinq continents Et si, demain, son petit empire s'écroulait ? Cet 'industriel des banques de données", comme il se définit, se consacrera à la création du musée de l'Organe, un musée d'art contemporain dans lequel il exposera ses propres oeuvres et celles de sa collection "L'art est une bonne échappatoire, c'est le champ de tous les possibles" Le "milliardaire fou" n'a pas fim de surprendre • Laurence Estival

UN SIEGE SOCIAL DEDIE AU CHAOS Des murs d'enceinte noircis par le feu, recouverts de tags et d'inscriptions ésotériques. Une cour à l'apparence de camp retranché qui aurait résisté a une attaque nucleaire. lci et la, des épaves de voitures et d'avions de combat calcinés Bienvenue à la 'Demeure du chaos' siège social du groupe Serveur et residence personnelle de Thierry Ehrmann son fondateur C'est depuis cet ancien relais de poste de 12 000 m2, situé a Saint- Romain-au-Mont-d'Or, dans le Rhône, que l'entrepreneur pilote la destinée de ses entreprises Une sorte de "factory" géante, livrée aux artistes de passage, qui transforment le lieu au gré de leurs aspirations et des feux de I'actualité internationale Maîs cette "ceuvre d'art vivante", comme la qualifie Thierry Ehrmann n'est pas du goût de tout le monde A commencer par le maire de la commune, qui a engagé une action en justice pour obtenir sa démolition Pas de quoi mettre KO le maître des lieux L. E.

Laurence Estival

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