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L'industrie du troisième millénaire

  in Technikart, Novembre 2001.

 

 
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LA BOURSE
REVUE DE PRESSE

Sous de vieilles poutres rêveuses, des employés des deux sexes collectent en silence, sur des écrans extra plats, des informations venues des quatre coins du monde et ce dans toutes les langues. Sommes-nous à Lyon, capitale des Gaules, ou dans une base high-tech, off-shore, et "post-humaine" ? Tout ce que vous avez pu lire comme délire d'anticipation sur le Net semble ici se réaliser.

Le bureau d'Ehrmann est un endroit incroyable, où les armoires du Moyen-Age côtoient, en vrac un écran plasma qui lui permet de rester en contact permanent avec toutes ses filiales dans le monde. "Avec le Net, j'ai résolu tous les problèmes sauf celui du décalage horaire." Exalté par les événements du 11 septembre, Ehrmann nous laisse à peine le temps de souffler. "C'est le plus grand jour de la modernité. C'est très beau et c'est très moche ce qui vient d'arriver à New York. Je pleure les morts mais, en même temps, cela veut dire que l'histoire reprend son cours. C'est un fabuleux doigt au cul de Fukuyama et à sa fin de l'histoire, un concept qui m'a fait vraiment mal."

Mais, puisqu'on y est, ne trouve-t-il pas que ces attentats perpétrés avec des couteaux contredisent sa foi en la toute-puissance de la Technologie ? "Non, au contraire. Nous n'en sommes qu'au début de l'Internet. C'est le premier média global de l'humanité il permet une info parfaitement horizontale et transparente, alors que le coût de contact de celle-ci était phénoménal jusqu'à présent. D'ailleurs, les Etats-Unis sont fous de rage. Ils se rendent compte qu'ils ont engendré un monstre. Le Congrès essaye de mettre la main sur Internet grâce au Partiot Act, un programme qui permet de contrôler tout ce qui se passe sur un provider."

Ehrmann ne fait pas partie des pleureuses de l'Internet. "La chute de la e-économie n'est qu'un épiphénomène - très américain d'ailleurs. Nous avons fondé Serveur, en 1987, faisant partie des pionniers du Net. Après vingt ans de culture libertaire, on a vu les financiers débarquer, sans avoir aucune culture des réseaux. Or, on a beau être l'homme le plus riche du monde, on n'apprend pas le russe en quinze jours. Et puis il ne faut pas dramatiser. La perte des valeurs Internet ne représente que 2% de la perte de richesse générale. 98% étant lié à l'UMTS, le téléphone portable équipé d'Internet, qui reste le plus gros scandale du siècle (voir encadré)."

Ehrmann parle, parle, dans un débit vertigineux, où se bousculent les mots et les concepts. Il invoque Saint-Simon ("le premier penseur des réseaux") et les innombrables batailles judiciaires dans lesquelles ce passionné de droit semble engagé : Il évoque l'hôpital au Vietnam et le mensuel culturel lyonnais qu'il va lancer (""Alors", veut privilégier un journalisme très littéraire, très décalé, à la New Yorker"). Il s'étend sur le musée d'Art contemporain dont il va doter Lyon (L'Organe) et sur les sites antimondialisation que ses services hébergent et protègent ("Je ne peux pas les nommer car il faut les protéger. Disons que ce sont des assos qui sont très engagées. Il ne faut pas que nous soyons gênés par ce qui s'est passé à Gênes.").

Il dit toujours "on" et jamais "je", comme s'il parlait d'une nébuleuse tapie dans l'ombre ("On a pas mal fréquenté les trotskistes, on continue à se voir").

Texte original de Patrick Williams
copyright ©2001 Technikart

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